Bien plus qu'une simple histoire de bistouquette - Romance fantastique.
- celine847
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- 19 août
- 13 min de lecture
Les âmes sœurs naissent sans aide extérieure.
Elles sont une source d’énergie inépuisable.
Il nous faut les protéger, les guider et ne jamais les séparer...
-Prologue-
Dieu [je sais, c’est impressionnant...]
La vue sur l’univers est splendide. Sans rire et sans prétention aucune, je suis plutôt satisfait du résultat. Comme pourrait dire Lucie que vous connaîtrez bientôt : ce n’est pas un travail dégueu dégueu.
Il faut dire que j’en ai commis des erreurs... Et que je continue d’en commettre. Mais la complexité de l’univers est mon excuse. Oh, je sais que l’humain a le jugement facile et des à priori encore plus terribles que l’est son jugement. Je ne me formalise pas. Après tout, il a les défauts qu’on lui donne. C’est même très intéressant à observer. Je ne m’ennuie jamais !
D’une manière générale, je tâtonne et l’équilibre de tout ce que j’ai créé est fragile. Vraiment fragile. Tant d’âmes ont souffert par une erreur de pilotage totalement évitable... Je fais du mieux que je le peux, comme celles et ceux qui travaillent pour moi, et parfois ce n’est pas assez.
Je ne serais pas en train de me justifier, par hasard ?
Bref.
J’aime regarder l’univers dans son intégralité. J’aime afficher celui-ci tout autour de moi. J’aime voir toutes ces âmes déambuler, que ce soit de la fourmi à l’être humain en passant par le cheval ou la poule et tout le reste. Pourtant, après tant de milliers d’années à les observer et à distribuer mes missions au compte-goutte, j’ai envie de changement.
J’attendais le bon moment.
J’attendais l’opportunité.
J’attendais le dérapage de trop.
Le voici. Aujourd’hui, deux âmes en particulier attirent mon attention.
Je les observe lutter à contre-courant du plan cosmique que mes confrères ont établi durant des millénaires. Ces âmes sont aussi belles que d’autres et malgré tout, ce sont elles que j’ai choisies.
Je les observe s’aimer.
Je les observe se dire des mots que seuls leurs cœurs respectifs peuvent comprendre.
J’entends leurs rires et leurs peines.
Oh, que ces deux-là me plaisent, et pourtant en totale opposition à la loi divine ! Et Dieu que je n’aime pas ce terme, si je puis dire les choses ainsi.
Ma secrétaire [utile de préciser que j’ai une secrétaire personnelle pour chaque planète, c’est le bureau du personnel qui en a décidé ainsi quelques millénaires en arrière] s’approche et je vois bien qu’elle n’est pas dans son assiette.
— Eloïse ? Quelque chose ne va pas ?
— C’est que... j’aimerais vous demander une faveur.
— Oui ?
— J’aimerais avoir mon vendredi. Le 8, si possible.
— Eloïse... Le jour du Seigneur, c’est le dimanche.
— Oui, bien sûr. Excusez-moi.
— Eloïse...
— Oui ?
— Je plaisante. Vous pouvez avoir votre vendredi. Et même votre jeudi, si cela vous chante.
Elle me remercie au moins cinquante fois. Diable, que mon poste est pesant. Je n’ai jamais foudroyé personne de toute mon existence et l’on me craint comme les chats noirs, en pire. C’est le Karma. [Qu’ai-je fait pour mériter un karma pareil ? Je l’ignore.]. En tout cas, je n’aurai pas Eloïse vendredi. Je m’y suis habitué moi, à toute cette aide. Je ferai donc sans.
J’en reviens à mes deux âmes chouchoutes… Que vont-elles me faire aujourd’hui ? Le décompte semble lancé. Ah, c’est le réveillon !
10. 9.
J’adore ces fêtes de fin d’année. Chez les Humains, c’est toujours aussi dingue. Ils sont toujours très imaginatifs. Enfin, je trouve.
8. 7.
Ici, le temps s’écoule différemment alors j’apprécie leur décompte.
6. 5
L’an 2000. Je devrais sans doute sortir une bouteille de Champagne, moi aussi. Mais j’ai tant d’autres choses à faire. Déjà, observer mes deux âmes et voir venir.
4. 3.
Lucie l’embrasse amoureusement. Que j’aime ce couple !
2. 1.
Les embrassades, les cotillons. Ils sont presque plus contents que moi de commencer un nouveau siècle.
0 !!!
Bonne année ! Bonne année !
Je souris.
Je m’inquiète.
Et puis finalement je me rassure. Tout s’est éclairé bien longtemps en arrière : ils allaient m’aider à changer les choses.
Tant reste encore à faire. Ce qui est créé peut changer. Ils sont mes outils. Malgré eux. J’ai un plan. J’ai toujours un plan, même si je ne le connais pas encore dans son intégralité.
C’est décidé depuis un bail, nous travaillons sur les âmes sœurs. C’est un début.
Et je crois que vu l’ampleur de la tâche, plus que sept jours seront nécessaires... (vu que je les surveille depuis bien longtemps déjà, CQFD)
[Ce n’est pas une histoire sur la religion donc plutôt que de vous inquiéter pour rien, je disparais, redeviens omniscient, et je m’en vais surveiller mes deux âmes. En espérant que mon fichu plan fonctionne.]
TCHAO.
Tu n’adoreras que ce qui te fera mourir de rire. (Ou au moins sourire.)
*****
1- Quand la mort te prend. (On se calme. C’est la mort, quand même.)
Lucie (moins impressionnant, je sais)
Aujourd’hui.
On est loin, voire très loin du compte ! J’imaginais des nuages et des petits chérubins. Ou encore du blanc. Beaucoup de blanc.
Et en fait, c’est la déception ! Rien de tout ça. Mais alors rien !
Un long couloir sombre et c’est tout. Sans fenêtre. Sans porte. Flippant. On y voit à peine ! Quand je suis morte (parce que je suis apparemment morte et c’est peut-être utile de le préciser), j’ai vu une grosse lumière blanche.
Mais alors la lumière lumineuse et douce à souhait ! Si bien que je n’ai plus eu peur (notons la logique du truc) et que je l’ai suivie (normal). Je n’aurais pas dû. On dirait bien que cette lumière était la même qui attire les insectes à elle avant de les foudroyer. Aiessss confiannnnnceeee. Bzzzz. PAF ! Rideau.
Mais je n’ai pas été foudroyée, je crois. Ou alors je n’ai rien senti ! Où ai-je finalement atterri ?
Pas le temps de réfléchir davantage qu’une autre lumière émanant du plafond m’éblouit quelques instants. Beaucoup plus agressive celle-ci ! Hors de question que je la suive ! On ne m’aura pas deux fois ! Rien ne se passe, pourtant. Je ferme les yeux aussi fort que je le peux. Apparemment, elle ne me mènera nulle part vu que je ne bouge pas d’un poil. J’attends bêtement, rouvre finalement doucement les yeux, m’acclimate en quelques secondes au peu de lumière ambiante.
— Suis-moi.
Je sursaute. Qui me parle ? Il ne me faut que quelques instants pour distinguer un homme assez imposant dans la pénombre. Du moins, il en a la voix. Il me tourne le dos. D’où vient-il ? Suivre la grande lumière de fin de voyage, OK. Suivre un psychopathe je ne sais où, pas trop pour moi. Je l’interroge, tentant de paraître un minimum sûr de moi. Entendez par là que je flippe la race de ma grand-mère, en réalité :
— Vous êtes qui ? Je suis où ? Non, parce que je veux bien être morte, mais j’aimerais quand même bien savoir où j’ai fichu les pieds...
Mon aplomb me surprend, je ne suis pas accoutumée du fait. Peut-être qu’en mourant, on gagne de la confiance en soi... On gagne en connerie aussi, car qu’est-ce que j’en débite à la seconde... Un exemple concret :
— C’est quand même glauque comme endroit. Il n’y a aucune déco, je m’attendais à quelque chose de plus... percutant, à vrai dire.
— Je t’ai demandé de me suivre, pas de me raconter ta vie. Alors, suis-moi.
OK, il m’a gonflée en deux secondes cinquante lui, mais bon sang, sa voix est suave à souhait, stricte et ne laisse pas place à la discussion. Je ne la dirais pas agressive, mais plutôt autoritaire. En tout cas, je comprends à son intonation que j’ai plutôt intérêt à obéir. Et entre vous et moi, j’ai tout sauf envie de lui dire non.
L’émotion dans tous ses états, je n’ai plus peur de lui et de son côté potentiellement psychopathe, non. Ce n’est plus ce que je ressens. Loin de là. Mais alors très très loin de là. Je devrais être flippée. Je devrais et pourtant je continue d’être moi. Certes un peu plus loquace que d’habitude. Même mourir, je loupe le truc ? Un mode d’emploi, quelque chose pour m’aider ? Non ? Rien ? Génial !
De toute manière, tu ne sais pas lire un mode d’emploi, alors de quoi tu parles ?
— Accélère un peu, je n’ai pas que ça à foutre.
Si j’osais, il s’en prendrait une dans la poire, ce con ! Non, mais c’est vrai, quoi ! Me recentrer et ne plus penser à lui, à ses ordres et à sa manière énervante de me parler. Garder un peu de contenance. Un minimum, du moins.
Je suis... morte ! Voilà ce à quoi je dois me raccrocher. Ma vie est... terminée. Pour toujours. Étrange de ne pas être plus affolée que je ne le suis. Ça doit faire partie du truc. Baste.
À qui vais-je le plus manquer ? En voilà un sujet qui me recentrera et calmera mon inconscient. Je n’ai plus grand monde qui se préoccupe de moi sur Terre, en fait. Peut-être Elsa, ma meilleure amie, ou alors mon furoncle d’ex, Mickael ? Même pas certaine que cette tête de frite molle apprenne un jour mon décès. Voilà, fin de l’inventaire. Pas de parents. Pas de frères et sœurs. Pas de chien. Pas même de chat. Un poisson rouge ? Mort trois ans en arrière. Il s’appelait Poisson. Je sais, c’est très con comme prénom. Je n’ai jamais dit que j’étais futée. En même temps, un poisson, c’est con. Ça meurt en trois minutes, sauf si l’on a la chance d’être le poisson des parents d’Elsa, surnommé le survivant des Enfers. Il a vécu quinze ans le machin ! Moche comme un pou avec ça...
— Quelle couleur il était le machin, déjà ?
J’ai parlé à voix haute, là ?
— Je ne t’ai pas demandé de la mettre en veilleuse ?
On dirait bien que oui...
— Non, mais dis donc... Tu te prends pour qui ?
Alors là, mais alors là, l’oscar de la meilleure répartie au monde !
— Le gardien.
— Ah.
Je ne sais pas quoi rajouter. Il faut dire que je suis sans doute la fille la plus molle de la répartie. Un genre de deux de tens' de la réponse la plus appropriée. Un concept qui m’est étranger : la répartie. Mais je commence à me répéter. Je n’ai aussi aucun sens du synonyme. Pourtant, réplique, riposte, pique, réponse et j’en passe et des meilleures sont de bons synonymes, mais non, je... bon sang ! Je me disperse. C’est aussi une grande qualité chez moi : je pars souvent dans tous les sens.
Recentrons-nous.
Pourquoi ne suis-je pas triste ? La mort, c’est triste, non ? Ou alors on vient de me laver le cerveau et dans mes veines coule un tranquillisant hyper efficace. Et de plus, aux effets secondaires sexuellement non acceptables ! Je dis ça, car les papillons que j’ai dans le bas-ventre depuis qu’il s’est planté devant moi et a ouvert la bouche envahissent désormais entièrement l’espace. Dès l’instant où il a ouvert la bouche, j’ai retourné ma veste et je suis tombée sous son charme. Affolant !
Je suis une morte à la libido high level !
On ne peut pas tomber raide dingue d’une voix, si ? Car pétard de Brest, sa voix est canon ! D’ailleurs, le reste qui se rattache à cette voix si envoûtante n’est pas si mal, voire carrément attirant. Et promis, j’suis pas une obsédée de la culotte ! Du tout. C’est même plutôt l’inverse ! Elsa, par contre... Bref. Je suis juste un peu... choquée. Et dans ma situation, je trouve ça carrément plausible, non ?
Revenons à la voix. Je sais à quoi l’on pense là, Loft Story. Ici la voix. C’est tellement vieux comme télé-réalité que j’ai l’impression d’avoir 90 balais. Alors la voix, du moins ce qui l’accompagne, qu’en dire donc ? Grand, environ 1m80, musclé et tatoué. Je ne vois que son dos et son... hum... ses jambes.
Oui, voilà, parlons un peu plus de ses jambes ! Rien à redire, elles sont aussi viriles que l’est le reste de son corps. Il porte un pantalon noir en cuir. Enfin, je pense que c’est du cuir. En haut, un simple gilet de la même matière et en dessous de ce gilet : rien ! On se croirait dans un mauvais porno. Ou un bon. Selon le point de vue. Ses bras sont nus et chaque muscle bouge au rythme de ses pas. Il est musclé, le bougre ! Hum. Recentre-toi. Tu es morte ! Le cœur pourtant lancé à vive allure sur l’autoroute du choc sentimental – alors que je suis décédée – je le suis dans ce tunnel qui n’en finit plus. De toute manière, il n’y a rien ici. Pas de porte, pas de fenêtre, et même si ce que je souhaite est de loin me tirer d’ici, je ne saurais pas comment m’y prendre. Alors je suis ses pas. Non sans reluquer sans scrupule ce qui s’offre à moi. On dirait Elsa la cochonne ! Ce n’est pas mon genre, loin de là ! (On dirait que je me justifie un peu trop. Ça cache probablement un truc.) (Voilà que je me parle à moi-même encore une fois). Mais autant passer au mieux mon temps avant de comprendre ce qui se passe.
Les murs défilent, toujours à chier et tristement identiques. Il semble que nous marchons depuis une éternité. Je ralentis la cadence. Et je réfléchis. Ce qui est assez rare pour le souligner...
Et s’il était mon Paradis, en fin de compte ?
Un beau mec, du moins, de ce que j’en vois. Bien bâti et une voix à damner un Grec en Égypte. OK, ça ne veut rien dire, mais j’en perds mes mots.
— Tu te traînes.
Je sursaute une deuxième fois, il ne me regarde pas un instant et continue d’avancer. D’accord, sans doute pas un cadeau de bienvenue finalement... Le comité d’accueil le plus désagréable qu’il soit, même ! Je le rattrape tandis que les lumières s’éclairent au fil de notre avancée. Un tunnel, encore un tunnel, toujours un tunnel. Et c’est tout. La mort la plus emmerdante qui soit, un peu comme ma vie, en fait. Vie : 1 Lucie 0. Mort : 3000. Jeu, set et match !
Je continue de le détailler – puisque je n’ai rien d’autre à glander, hein. Autant s’occuper... Sa nuque découverte laisse entrevoir un magnifique tatouage, mais j’ignore ce qu’il représente. Des ailes d’anges. Ou des tiges de fleurs, une broussaille. Un balai à chiottes ?
— Ton tatouage, c’est la forêt vierge ou des ailes ? Je ne vois pas bien.
Ce qui est à noter, c’est que lorsque je stresse un max, je dis n’importe quoi, n’importe quand, et à n’importe qui. Une grande malade mentale. C’était comme ça dans ma vie et il semblerait que ma mort en soit une pâle copie.
Il souffle en guise de réponse et se crispe. J’en reviens à mon inventaire. Ses cheveux châtains sont coupés court. Légèrement en brosse sur le dessus. On dirait qu’il a du gel. Ou alors ça tient tout seul ?
Ne pas penser à ce qui peut tenir tout seul Lucie ! Tu pars en sucette. Chut. Ne parle pas de sucette ! Tais-toi. Mais tu ne dis rien ! Mais s’il entend tes pensées ? Autant lui demander :
— Tu lis dans les pensées ?
Et pourquoi pas, après tout ? Aucune réponse. Bien entendu. Je dois être transparente.
— On est où ?
Entrée en matière parfaite. Et quand je dis que je dis n’importe quoi, me voilà à l’agresser :
— Tu pourrais répondre, tête de flan !
Encore mieux ! Bravo, ma fille ! Tête de flan... Mais pourquoi ?
Il stoppe ses pas, serre les poings, contractant ainsi davantage les muscles de ses bras. J’en pâlis d’envie, malgré ce que je viens de lui balancer involontairement à la gueule. Je m’attends à ce qu’il dise quelque chose, mais rien. Rien du tout. Il reprend sa route comme si je n’avais rien dit. Je bougonne à voix basse. Je ne stresse plus. Comme si j’avais sorti toute mon angoisse dans cette insulte des plus pourries. Pourquoi suis-je si sereine, en fait ? Pourquoi la mort ne m’angoisse pas, alors que la vie me terrifiait ? Je suis morte de quoi déjà ? Aucune idée. J’ai quel âge ? Vingt-neuf ans. Je suis décédée et tout va bien. Nerveusement, je rigole. C’est fou !
Et monsieur daigne reprendre la parole :
— On arrive.
— Où ça ?
Il aurait dit ça que j’aurais répondu « dans ton cul », mais pas lui. En fait, j’ai de la répartie contre moi-même. C’est tout. Pas de réponse, ce qui commence doucement à m’agacer la muqueuse intestinale.
À la place, le tunnel se disloque et une grande salle se matérialise sous nos yeux ! J’en tremble tant c’est flippant. Voilà, ma sérénité s’est rebarrée (du verbe rebarrer. Bien sûr) ! Le sol s’écarte, et sans m’en rendre compte, je me raccroche au bras de mon mystérieux guide. Mystérieux guide ou tête de con national, au choix. Je voulais juste rester polie. Raté. Faut dire que ce n’est pas mon fort. Et puis mon cerveau réalise ce qui se passe et l’exprime à voix haute :
— Bordel de nom de Dieu !
— Arrête de jurer !
— Je jure si je veux ! C’est quoi ça ?
Je jure si je veux. La répartie trois ans et demi d’âge.
La salle continue de grandir, je suis toujours accrochée à lui. Et j’en ai des bouffées de chaleur. Entre ma peur viscérale de ce qui se passe et mon désir qui semble croître jusqu’au fin fond de mon utérus, je dois ressembler à une folle échappée de l’asile.
Comme dans mon ancienne vie, en somme.
Petit état des lieux qui explique mon état. Sa peau est chaude. La mienne est gelée. Logique pour une morte, mais les esprits sont froids aussi ? Aucune idée ! Il me fait l’effet d’un doigt dans une prise électrique, même si je n’ai jamais testé en vrai. (Suis débile parfois, mais pas complètement, hein).
J’en reviens à mon hôte. Il tourne la tête et plonge le bleu de ses yeux dans les miens. Je ne les avais pas encore vu ceux-ci ! Je fonds comme un iceberg percutant le soleil ! Son air sévère ne m’effraye pas, et cela même s’il a l’air de le vouloir.
— Tu me lâches quand tu veux.
J’exécute, incapable de détourner mon regard du sien. Je suis braise. Il est flamme.
— Purée...
C’est tout ce que je peux lui dire. Et ce n’est pas de la purée caqueuse en flocon ! Je semble le déstabiliser un instant. Ses sourcils se froncent et se défroncent en une fraction de seconde. Il s’apprête à me répondre lorsque des écrans s’allument tout autour de nous. Des centaines d’écrans. Incroyable ! On dirait une salle de surveillance !
Normal. Il est gardien... Il te l’a dit...
— Reste-là.
— Il va se passer quoi ?
Il ne répond pas, et cette fois ma question me paraît légitime.
Je. Flippe. Sévère !
— Eh... je ne sais même pas ton prénom, mais parle-moi !
Tandis qu’il s’éloigne en direction du couloir qui continue un peu plus loin sur notre droite, un premier écran montre une scène dont j’ignore tout. Faut que je regarde, je suppute ? Toujours pas de mode d’emploi... Un coup d’œil au beau gosse me scotche sur place. Il s’est arrêté à l’entrée du tunnel et me fixe désormais intensément. Je chavire ! Je n’ai jamais vu un truc pareil ! Je n’ai jamais vu un homme pareil ! Je... ne suis pas là pour ça, merde ! J’en fais pourtant tout autant. Mon cœur manque autant de battements que possible.
— Damon. Je m’appelle Damon, et je ne sais même pas pourquoi je m’abaisse à te répondre.
Ah, ben enfin ! Il a un prénom... même si aucune amabilité !
Puis tout change.
Ses yeux parlent pour lui, il est désolé pour moi. Je le devine aisément. Pourquoi ? Pourquoi ce regard de pitié ? Les écrans s’animent avec le son, le temps de revenir sur eux, que mon inconnu a disparu. Un bruit sourd se fait entendre et démarre ce que je redoute désormais plus que tout.
Dans quelle situation merdique à souhait, je me suis encore fourrée, même morte ?
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